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Les réseaux sociaux, dont Facebook est le vaisseau amiral, repoussent les frontières du droit sur l’exploitation personnelle des données. J’anticipe de nombreuses initiatives publiques et privées, dont les premières apparaissent, qui s’opposeront à cet état de fait. C’est sur ce thème que Basile Segalen m’a interviewé dans le cadre d’un article qui prend pour point de départ une étude de l’Université de Stanford.

Avec leur accord, voici la reproduction de l’article de Basile Segalen, publié dans L’l’atelier BNP Paribas .

La publicité ciblée incompatible avec la protection de la vie privée ?

Les systèmes de recommandations sur les plates-formes communautaires ne sont pertinents que lorsque la protection des données personnelles n’est pas assurée par d’autres programmes.

Sur les réseaux sociaux, aucune technique n’est actuellement efficace pour protéger les données personnelles tout en autorisant un système de recommandation pertinent. C’est le résultat d’une étude* menée par des chercheurs de l’Université de Stanford, de la Georgia Tech et de Yahoo! Research. Pour le montrer, les chercheurs ont combiné les systèmes de recommandations – qui établissent des liens entre les utilisateurs pour leur proposer des produits ou des contacts susceptibles de les intéresser – à un algorithme de protection de leurs données personnelles existant. Le résultat est sans appel : les scientifiques ont noté que les résultats perdaient en pertinence de manière significative.

Le comportement de l’Internaute doit être pris globalement

Quelque soit le type de recommandation et la méthode utilisée, l’incompatibilité avec la mise en place de critères confidentiels est établie, selon les chercheurs. « Le postulat est juste, mais il ne tient pas vraiment compte de l’évolution récente du Web », explique à L’Atelier Franck Perrier, Directeur Général d’Idaos, un cabinet de conseil spécialisé dans les stratégies sur Internet. « Pour affiner la pertinence de ces recommandations et renforcer son modèle publicitaire, Facebook intègre aujourd’hui des données provenant de différentes plates-formes communautaires », note-t-il. Ainsi, une vision centrée sur un seul réseau social s’avère de moins en moins pertinente. « Le comportement de l’Internaute doit être pris globalement », ajoute le spécialiste. Selon lui, l’Internaute social peut avoir l’illusion qu’il préserve ses données sur un site.

Seul l’Internaute peut protéger ses données personnelles

« Mais sa confusion vient du fait qu’il pense ‘profil’ alors que les acteurs de l’Internet pensent désormais ‘association' », ajoute-t-il. Pour le consultant, il faut donc aller au-delà de la question des algorithmes utilisés, posée par l’étude américaine. Le seul moyen pour l’Internaute de sauvegarder ses données et de préserver la vie privée de ses propres contacts consiste à se montrer discret, ou à établir lui-même une stratégie. « Il est possible de protéger sa famille ou ses enfants, à condition d’en faire le choix, délibérément, et de ne pas recréer sur les réseaux sociaux son intimité directe », conclut-il.

(*) »On the Impossibility of preserving utility and privacy in personalized social recommendations